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REFUSONS DE NOUS TAIRE!

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Dr. Françoise Ducloux, vice présidente de l’AMFPGN

Commémoration Hira

Commémoration Hiroshima et Nagasaki Paris 2013

Comment, en tant que médecins, participer à la prévention des risques dus au nucléaire civil ou militaire?

Comme en médecine en général, le dépistage est intéressant  (ici dosimétrie), mais la prévention reste l’idéal Einstein disait: “L’homme et sa sécurité doivent constituer la première préoccupation de toute aventure technologique”La façon dont la continuité de l’économie a été privilégiée par rapport à l’évacuation de la population à Fukushima paraît évidemment choquante. Qu’en est-il  du fonctionnement “normal” du nucléaire civil et “pacifique” en France?

Depuis les années 90, 80% des opérations de maintenance sont externalisées entraînant la création d’emplois de sous-traitance impliquant flexibilité, précarité et absence de protection (les sous-traitants ne sont pas reconnus officiellement comme travailleurs du nucléaire -en sachant toutefois que, pour les salariés d’ EDF, la durée de prescription pour la reconnaissance en  accident du travail est de 10 ans!).

L’intérêt de la sous-traitance est justement le partage des doses de radioactivité, d’autant plus que la concurrence entre les différents sous-traitants et leur propre durée de vie rend très difficile le suivi médical de leur travailleurs.

La  dose acceptable par an a été calculée d’après les études  des conséquences des explosions de Hiroshima et Nagasaki: le chiffre de 20mSv par an entraînant un risque accru de cancer de 4 à 5% . Des études plus récentes de l’OMS montrent que ce risque serait plus proche de 12%! Quel est donc le nombre de morts “acceptables” pour ne pas perturber la rentabilité de cette industrie et notre confort énergétique temporairement bon marché?* (sans compter les germes de violence semés par l’exploitation de l’uranium dans les pays producteurs!)

Sachons qu’on est passé de la recherche du risque 0 au risque “calculé”. Comme l’explique la sociologue du travail, Madame Annie THÉBAUD-MONY, la durée des arrêts de tranches est passée de 2 mois à 3 semaines, voire 10 jours!  Tout prestataire  -privé- , qui travaille pour EDF souhaitant gagner le plus , “plus c’est vite fait plus on gagne” quelles conséquences pour la sécurité des travailleurs et de la population? La sociologue explique également la fausse sécurité des programmes  “d’assurance qualité” dans lesquels le respect de la procédure est plus important que le travail effectif.

Quant à la sécurité et donc la “prévention” soi-disant assurée par la détention de l’arme atomique, des voix  (également militaires) s’élèvent pour dire qu’elle est tout à fait inadaptée à la situation actuelle et aux interventions récentes de l’armée française. Ne serait-ce pas plutôt l’illusion de garder notre influence au niveau international? A quel prix et au détriment de budgets prioritaires pour la population.

De plus l’obstination à vouloir vendre des centrales à l’étranger en sachant pertinemment la virtualité de la frontière entre l’utilisation civile et militaire de l’atome n’est pas pour  renforcer la confiance dans les décisions prises en haut lieu.

Bien que le sénat note l’inutilité  de l’arme nucléaire dans son rapport récent sur la défense: “S’il nous fallait dessiner aujourd’hui un format d’armées partant de zéro, il est fort probable que la nécessité d’acquérir une force de frappe nucléaire, avec de surcroît deux composantes, ne ferait pas partie de nos ambitions de défense.” (tout en préconisant le maintien de ces deux composantes et leur modernisation jusqu’en 2070!),  les réflexions semblent  superflues puisque le livre blanc est “sanctuarisé.” De même que Mr Guillaumat, administrateur du CEA jusqu’en 1958 estimait légitime d’avoir eu à se passer de tout débat parlementaire sur la création de la  bombe atomique, nos représentants élus au suffrage universel semblent ne pouvoir rencontrer aucune écoute possible actuellement sur cette question .

Au principe hippocratique: “Primum non nocere“, nous devons ajouter celui de ” ne pas laisser nuire” et refuser de nous taire en faisant confiance  aussi à la force des personnes “ordinaires” face aux menaces et  intimidations de quelques personnes au pouvoir.

Nous médecins nous refusons de nous taire! Avec nos partenaires et peut être nos parlementaires, et seuls s’il le faut, nous refuserons la ’sanctuarisation” de l’arme nucléaire et l’omerta sur les risques pour les travailleurs en première ligne et sur la population.

*Un rapport récent pointe la collusion entre la filière nucléaire et certains parlementaires . Le sénateur  Jean Claude Lenoir ancien cadre d’EDF se félicite du manque de démocratie dans les choix énergétiques français : “le succès de l’implantation du nucléaire français tient d’ailleurs, à mes yeux au fait que nous en ayons assez peu parlé  au parlement”!


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